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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/264

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les mille nuits et une nuit

Douce-Amie, ayant chanté, continua à faire vibrer seul l’harmonieux luth aux cordes vivantes ; et le khalifat fit tous ses efforts pour ne pas crier extatiquement, en répons, un « Ah ! » ou un « Ya ein… ! » de plaisir. Et il dit : « Par Allah ! ô Giafar, de ma vie je n’ai entendu une voix aussi merveilleuse et ravissante que la voix de cette jeune esclave ! » Et Giafar sourit et répondit : « J’espère maintenant que la colère du khalifat contre son serviteur s’est évanouie ! » Il répondit : « Certainement, ô Giafar, elle s’est évanouie ! » Puis le khalifat et Giafar descendirent de l’arbre, et le khalifat dit à Giafar : « Maintenant je veux entrer dans la salle, m’asseoir au milieu d’eux, et entendre la jeune esclave chanter devant moi. » Il répondit : « Ô émir des Croyants, si tu apparaissais au milieu d’eux, ils en seraient fort dérangés ; et quant au cheikh Ibrahim, il en mourrait de frayeur, sûrement ! » Alors le khalifat dit : « Il le faut donc, ô Giafar, m’indiquer quelque combinaison pour arriver à connaître ce qu’il en est exactement de toute cette affaire, sans donner l’éveil à ceux-là et sans nous faire reconnaître. »

Là-dessus, le khalifat et Giafar, tout en songeant profondément à combiner le stratagème, se dirigèrent lentement du côté de la grande pièce d’eau située au milieu du jardin. Cette pièce d’eau communiquait avec le Tigre et contenait une quantité prodigieuse de poissons qui venaient s’y réfugier et chercher la nourriture qu’on leur jetait. Aussi le khalifat avait précédemment remarqué que les pécheurs s’y donnaient rendez-vous, et même, un jour qu’il était à l’une des fenêtres du Palais des