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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/302

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les mille nuits et une nuit

Après cela, les deux nègres porteurs de la caisse dirent au nègre porteur de la lanterne et des pioches : « Ô Saouâb ! grimpe sur le mur et saute dans la turbeh et ouvre-nous cette porte qui est fermée de l’intérieur ; car nous sommes bien fatigués du poids de cette caisse contre notre cou et sur nos épaules. Et nous te promettons, si tu nous ouvres cette porte, de te réserver le plus gros et le plus dodu des individus que nous attraperons là-dedans, et nous te le ferons cuire une cuisson bien à point, à lui bien dorer toute la peau, et nous nous engageons à ne pas laisser perdre inutilement une seule gouttelette de sa graisse ! » Mais Saouâb répondit : « Moi, comme je suis fort modique d’intelligence, voici ce que je crois plutôt préférable de faire : comme cette caisse nous a été confiée, le mieux est de nous en débarrasser en la jetant dans la turbeh par-dessus la muraille, puisqu’on nous a donné l’ordre de la déposer dans cette turbeh ! » Mais les deux autres nègres dirent : « Si nous jetons ainsi cette caisse par-dessus la muraille, sûrement elle se cassera ! « Saouâb dit : « Oui ! mais aussi, si nous entrons dans cette turbeh-là, j’aurai bien peur des brigands qui doivent y être cachés pour assassiner les passants et dévaliser les voyageurs ! Car c’est dans cette turbeh que se donnent, le soir, rendez-vous tous les brigands, pour faire entre eux le partage du butin. » Mais les deux nègres porteurs de la caisse lui répondirent ; « Homme de peu d’esprit ! es-tu donc assez idiot pour ajouter foi à de pareilles insanités ! »

Et, là-dessus, les deux nègres déposèrent la caisse à terre, escaladèrent le mur et sautèrent dans la tur-