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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/311

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histoire de ghanem et de fetnah
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chemin, et conduis-nous à l’endroit où ton maître a été enterré sous les décombres. Car il nous faut le retrouver pour le mettre dans le cercueil et le ramener à la maison, et de là lui faire les funérailles qui lui sont dues ! » Alors je marchai devant elles en continuant à crier : « Ô mon pauvre maître ! » Et tout le monde me suivait, les femmes le visage découvert et les cheveux en désordre, avec des cris et des gémissements. Et peu à peu notre cortège grossit de tous les habitants de toutes les rues que nous traversions, hommes, femmes, enfants, jeunes filles et vieilles femmes ; et tous se frappaient le visage et pleuraient extrêmement. Et moi, je pris plaisir à leur faire faire ainsi tout le tour de la ville et je leur fis traverser toutes les rues ; et tous les passants s’informaient de la cause de tout cela, et on leur racontait ce qu’on m’avait entendu dire, et ils s’écriaient alors : « Il n’y a de force et de puissance qu’en Allah le Très-Haut l’Omnipotent ! »

Pendant ce temps quelques-uns conseillèrent à la femme de mon maître d’aller d’abord trouver le wali et de lui raconter le malheur. Et tous allèrent chez le wali, tandis que, moi, je leur disais que j’allais les précéder au jardin sur les ruines qui avaient enterré mon maître.

Mais, à ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.