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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/354

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les mille nuits et une nuit

Lorsque le khalifat eut entendu ses paroles et compris le sens de sa plainte, alors que personne n’était là pour l’écouter, il sut qu’il avait été injuste à son égard et à l’égard de Ghanem. Il se hâta donc de rentrer dans le palais et chargea l’eunuque en chef d’aller lui chercher Kouat Al-Kouloub. Et Kouat Al-Kouloub se présenta entre ses mains et se tint la tête baissée, les yeux pleins de larmes et le cœur bien triste ; et le khalifat lui dit : « Ô Kouat Al-Kouloub, je t’ai entendue m’accuser d’injustice et me reprocher l’oppression ; et tu as prétendu que j’avais mal agi envers celui qui m’avait fait le bien ! Qui donc est-il, celui-là qui a respecté une femme m’appartenant et dont j’ai compromis les femmes, en retour ? celui-là, qui a protégé mes femmes et dont j’ai déshonoré les femmes ? » Kouat Al-Kouloub répondit : « C’est Ghanem ben-Ayoub El-Motim El-Massloub ! Je te jure, ô khalifat, par tes grâces et tes bienfaits, que jamais Ghanem n’a essayé de me violenter ; et il est loin d’avoir commis sur moi des abominations ! Oh ! loin de lui, l’impudeur et la brutalité ! » Alors le khalifat, ne doutant plus, s’écria : « Quel malheur, ô Kouat Al-Kouloub ! En vérité, il n’y a de sagesse et de puissance qu’en Allah le Très-Haut l’Omniscient ! Aussi, ô Kouat Al-Kouloub, demande, et tous tes souhaits seront satisfaits ! » Alors Kouat Al-Kouloub s’écria : « Ô émir des Croyants, alors je te demande Ghanem ben-Ayoub ! » Et le khalifat, malgré tout l’amour qu’il continuait à ressentir pour sa favorite préférée, lui dit : « Cela sera fait, si Allah veut ! Je te le promets d’un cœur généreux qui ne revient jamais sur ce qu’il a donné ! Et il sera comblé d’hon-