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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/358

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les mille nuits et une nuit

une besace au cou, comme les mendiants. Et leurs yeux sont pleins de larmes et leur cœur bien affligé. Et voici que je te les amène, car toi seule, ô souveraine des bienfaits, tu sauras les consoler et les fortifier et leur éviter la honte et l’opprobre des questions indiscrètes ; car sûrement ce ne sont pas des personnes qu’on peut soumettre aux questions indiscrètes. De mon côté, j’espère que, grâce au bien que nous leur ferons, Allah nous réservera, au jour de la Rétribution, une place dans le Jardin des Délices ! » Kouat Al-Kouloub répondit : « Par Allah ! ô mon maître, tu me fais souhaiter ardemment de les voir ! Où sont-elles donc ? » Alors le cheikh sortit et alla les chercher derrière la porte et les amena entre les mains de Kouat Al-Kouloub.

Lorsque la jeune Fetnah et sa mère furent entrées chez Kouat Al-Kouloub, elle les regarda et, voyant leur beauté et leur noblesse et les haillons dont elles étaient vêtues, elle se mit à pleurer et s’écria : « Par Allah ! ce sont des femmes de noble naissance et point habituées à la misère. Car je vois bien à leur visage qu’elles sont nées dans les honneurs et la richesse ! » Et le cheikh du souk répondit : « Certes ! ô ma maîtresse, tu dis vrai ! Le malheur a dû s’abattre sur leur maison et la tyrannie les opprimer et leur ravir leurs biens. Venons à leur aide, puisque nous aimons les pauvres et les misérables, pour mériter les grâces d’Allah le Miséricordieux ! » À ces paroles, la mère et la fille se mirent à pleurer et à penser à Ghanem ben-Ayoub El-Motim El-Massloub. Et en les voyant pleurer, Kouat Al-Kouloub se mit à pleurer avec elles. Alors la mère de Ghanem lui dit : « Ô