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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/40

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« Que la fortune un instant délaisse l’homme riche ou l’appauvrisse, et le voici éteint, sans gloire, comme vers le coucher jaunit le soleil.

Et désormais, s’il disparaît, son souvenir ne peut que s’effacer de toute mémoire. Et, s’il revient un jour, la chance jamais plus ne lui sourira.

La honte le prendra de se montrer dans les rues ; et, seul avec lui-même, il pleurera toutes les larmes de ses yeux.

Ouallah ! je le jure, l’homme n’a rien à attendre de ses amis. Que la misère fonde sur lui et le voici renié de ses parents eux-mêmes. »

« Alors je ne sus plus que faire et, tout à mes pensées affligeantes, je sortis du khân pour marcher un peu et j’arrivai à la place publique de Baïn Al-Kasraïn, près de la porte de Zaouïlat. Là, je trouvai un grand rassemblement et une foule qui remplissait toute la place, car c’était un jour de fête et de foire. Alors je me mêlai à la foule et vis près de moi, par l’effet du destin, un cavalier fort bien mis ; et, à cause de la grande presse, je fus serré contre lui malgré moi, et ma main vint juste contre sa poche et toucha cette poche ; et je sentis qu’elle contenait un petit paquet arrondi ; alors j’enfonçai vivement la main dans la poche et je tirai adroitement le petit paquet, mais pas assez légèrement pour qu’il ne sentît pas ou ne vît mon mouvement. Alors ce cavalier, sentant que sa poche avait diminué de poids, mit la main à sa poche et constata qu’elle ne contenait plus rien. Alors il se tourna vers moi en fureur, brandit sa masse d’armes et m’en asséna