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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/60

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les mille nuits et une nuit

« Alors j’allai remettre leur argent aux marchands et le gain qu’ils méritaient. Quant à moi, ce ne fut guère un gain que je fis, mais j’eus une grande affliction en voyant, au bout d’un certain temps, que je n’avais plus de ses nouvelles. Et, dès l’instant que je ne la vis plus, je perdis tout sommeil durant toutes mes nuits. Mais enfin, au bout de quelques jours, son serviteur vint me trouver ; et je le reçus avec empressement et générosité et le priai de me donner des nouvelles. Il dit : « Elle était malade ces jours derniers. » Alors je dis : « Donne-moi donc quelques détails sur elle ! » Il dit : « Cette adolescente a été élevée par notre maîtresse Zobéida, l’épouse favorite de Haroun Al-Rachid, et elle devint l’une de ses suivantes. Et notre maîtresse Zobéida l’aime comme sa propre fille et ne lui refuse rien. L’autre jour, la jeune fille demanda à sa maîtresse la permission de sortir en lui disant : « Mon âme désire se promener et rentrer ensuite au palais ! » Et la permission lui fut accordée. Et, depuis ce jour, elle ne cessa d’aller en ville et de rentrer au palais, et si souvent qu’elle finit par être fort experte dans les achats et devint ainsi la pourvoyeuse de notre maîtresse Zobéida. C’est alors qu’elle te vit et parla de toi à sa maîtresse et la pria de te marier à elle. Et sa maîtresse dit : « Je ne puis le faire avant de voir moi-même ce jeune homme. Si je constate qu’il te ressemble en qualités, je te marierai à lui ! » Or, maintenant, je viens te voir pour te dire que notre but, à cette heure-ci, est de te faire entrer dans le palais. Si donc nous pouvons t’y faire entrer sans que personne s’en doute, tu peux être certain de l’avoir