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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/9

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trouvât dans la bouchée : elle s’arrêta dans son gosier et fit qu’il mourut à l’heure même.

— À ce moment de sa narration, Schahrazade, la fille du vizir, vit s’approcher le matin et, discrète selon son habitude, ne voulut pas prolonger davantage le récit, pour ne pas abuser de la permission accordée par le roi Schahriar.

Alors, sa sœur, la jeune Doniazade, lui dit : « Ô ma sœur, que tes paroles sont gentilles, douces, savoureuses et pures ! » Elle répondit : « Mais que diras-tu alors, la nuit prochaine, en entendant la suite, si toutefois je suis encore en vie et que ce soit le bon plaisir de ce Roi plein de bonnes manières et de politesse ! »

Et le roi Schahriar dit en son âme : « Par Allah ! je ne la tuerai que lorsque j’aurai entendu le reste de son histoire, qui est bien étonnante ! »

Puis le roi Schahriar prit Schahrazade dans ses bras ; et tous deux passèrent le reste de la nuit enlacés jusqu’au matin. Puis le Roi se leva et alla dans la salle de sa justice. Et aussitôt entra le vizir, et entrèrent aussi les émirs, les chambellans et les gardes, et le Divan fut tout plein de monde. Et le Roi se mit à juger, à régler les affaires, à nommer celui-ci à un emploi, à destituer celui-là, à terminer les procès pendants, et à s’occuper de la sorte jusqu’à la fin de la journée. Le Divan terminé, le Roi rentra dans ses appartements et alla retrouver Schahrazade.