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histoire du roi omar… (aziz, aziza, diadème)
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l’épervier. Et le prince Diadème devint bientôt le cavalier le plus accompli ; et il était devenu si parfaitement beau que lorsqu’il sortait à pied ou à cheval il faisait se damner tous ceux qui le regardaient.

Et lorsqu’il eut atteint l’âge de quinze ans, ses charmes étaient devenus tels que les poètes lui dédièrent leurs odes les plus amoureuses ; et les plus chastes et les plus purs d’entre les sages sentirent leur cœur s’effriter et leur foie s’émietter de tout ce qu’il avait en lui de charme magicien. Et voici l’un des poèmes qu’un poète amoureux avait composé pour l’amour de ses yeux :

L’embrasser, c’est s’enivrer du parfum de musc de toute sa peau ! C’est sentir sous l’étreinte ployer son corps comme la délicate branche humide nourrie seulement de brise et de rosée.

L’embrasser ! mais c’est s’enivrer sans toucher à nul vin ! Ne le sais-je pas, moi qui me trouve au soir tout fermentant du vin musqué de sa salive !

Elle-même la Beauté, en se réveillant au matin, se regarde à son miroir et se reconnaît sa vassale et sa captive ! Alors comment, ô ma folie ! les cœurs mortels pourraient-ils échapper à sa beauté ?

Par Allah ! par Allah ! si la vie m’est encore possible, je vivrai avec, dans mon cœur, sa brûlure ! Mais si je venais à mourir de ma passion et de son amour, ah ! quel bonheur !

Or, tout cela, quand il avait quinze ans d’âge ! Mais lorsqu’il eut atteint sa dix-huitième année, ce