Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du roi omar al-némân…
23

Fière elle me regarde, mais quels regards admirables ! Et sa taille droite et dure ! Ô lances droites et dures, courbez-vous de confusion !

Elle s’avance ! La voici ! Vois ses joues, les fleurs roses de ses joues ! Je connais leur douceur et toute leur fraîcheur !

Vois de ses cheveux la boucle noire s’arrondir sur la candeur de son front ! C’est l’aile de la nuit qui se repose sur la sérénité du matin !

Et c’était celle dont Scharkân avait entendu la voix. Et elle parlait maintenant et elle disait en arabe, tout en riant, aux jeunes esclaves qui étaient entre ses mains : « Par le Messie ! ce que vous faites là, petites dévergondées, est chose pas jolie et horrible même ! Si l’une de vous recommence encore, je la lierai avec sa ceinture et je la battrai sur les fesses ! » Puis elle rit et dit : « Voyons, petites filles, qui de vous pourra me vaincre à la lutte ! Que celles d’entre vous qui veulent bien se lèvent et viennent avant le coucher de la lune et l’apparition du matin ! »

Alors l’une des jeunes filles se leva et voulut essayer de lutter avec sa maîtresse ; mais elle fut vite terrassée ; puis une deuxième et une troisième, et toutes également. Et comme la jeune femme triomphait et, pour prix de son triomphe, allait faire avec les jeunes filles ce qui devait être fait, soudain, de la forêt, sortit une vieille femme qui s’approcha du groupe gentil des jeunes lutteuses et s’adressa à la jeune victorieuse et lui dit : « Que vas-tu faire, ô libertine perverse, avec ces jeunes filles ?