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histoire du roi omar al-némân…
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désir ! » Et il remonta sur son cheval seglaoui-jedrân et le poussa dans la direction de la pelouse ; et il tenait en l’air son sabre dégainé ; et le cheval partit rapide comme le trait lancé par l’arc bandé d’une puissante main. Et voici Scharkân sur la pelouse, s’écriant : « Allah est le seul grand ! »

À cette vue, la jeune femme vivement se leva, courut vers la rive du fleuve qui était large de six bras, et d’un bond agile fut sur la rive opposée, debout sur ses deux pieds. Et, d’une voix haute mais fine, elle s’écria : « Qui donc es-tu, toi qui oses ainsi venir troubler nos ébats solitaires et qui ne crains pas de fondre sur nous l’épée haute, comme un soldat d’entre les soldats ? Dis-nous tout de suite d’où tu viens et où tu vas ; et sois véridique dans tes paroles, car le mensonge te sera nuisible ; et sache bien que tu es dans un endroit d’où sortir sauf est pour toi une chose fort douteuse ; car il me suffit de jeter un seul cri pour que tout de suite accourent à notre aide quatre mille guerriers chrétiens, accompagnés de leurs chefs ! Dis-nous donc ce que tu veux. Et si tu es simplement égaré dans la forêt, nous te ferons retrouver ta route. Parle ! »

Lorsque Scharkân eut entendu les paroles de la belle lutteuse, il lui dit : « Je suis un homme étranger, un musulman d’entre les musulmans. Je ne me suis point égaré, au contraire ! Je suis simplement à la recherche de quelque butin de chair jeune capable de rafraîchir le feu de mon désir, cette nuit, à la clarté de la lune ! Et justement voici dix jeunes esclaves qui, par Allah ! me conviennent fort et que je satisferai bien, tout à fait ! Et si elles sont contentes,