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les mille nuits et une nuit

la jeune Safîa avait été envoyée en cadeau à ton père Omar Al-Némân, et qu’il n’y avait plus de chance qu’elle fût encore intacte et intégrale, puisqu’elle avait été déjà rendue mère par le roi Omar Al-Némân, en un instant d’ailleurs et sans difficultés de l’une ou de l’autre part.

« Et nous comprîmes alors que c’était là une grande calamité. Et mon père n’eut d’autre moyen de recours qu’une lettre au roi Aphridonios où il lui exposait la situation, en s’excusant beaucoup de l’ignorance où il avait été de l’identité de Safîa, et en lui faisant là-dessus mille serments.

« Au reçu de la lettre de mon père, le roi Aphridonios entra dans une fureur inexprimable ; il se leva, et s’assit, et s’agita, et écuma, et dit : « Est-il possible que ma fille, celle dont tous les rois chrétiens se disputent l’alliance et la main, soit devenue une esclave d’entre les esclaves d’un musulman, et qu’elle ait été ployée à ses désirs, et qu’elle ait servi à sa couche, sans contrat légal ! Mais, par le Messie ! je tirerai de ce musulman, monteur inassouvi de tant de femmes, une vengeance dont parleront longtemps l’Orient et l’Occident ! »

« Et c’est alors que le roi Aphridonios, ô Scharkân, songea à envoyer des ambassadeurs à ton père, avec de riches présents, et à lui faire croire qu’il était en guerre avec nous, et à lui demander son secours. Mais, en réalité, c’était seulement pour te faire tomber toi-même, ô Scharkân, et tes dix mille cavaliers, dans un guet-apens par quoi serait satisfaite sa vengeance préméditée.

« Maintenant, pour ce qui est des trois merveil-