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les mille nuits et une nuit

tranquilliser ton âme, ô Scharkân, car ton père ne me possédera que morte ! Ses trois cent soixante femmes et les autres ne peuvent-elles donc plus lui suffire, qu’il convoite ma virginité, qui n’est certes pas faite pour ses dents ! Sois donc en paix, ô Scharkân, et chasse tes soucis ! » Puis elle fit apporter à manger et à boire ; et tous deux mangèrent et burent, et Scharkân, toujours l’âme en peine, rentra chez lui dormir, cette nuit-là. Voilà pour Scharkân !

Mais pour ce qui est du roi Omar Al-Némân, une fois Scharkân sorti, il alla trouver sa concubine Safîa, dans son appartement ; et il tenait à la main les deux gemmes précieuses, suspendues chacune à une chaîne d’or. Et, en le voyant entrer, Safîa se leva debout sur ses deux pieds et ne s’assit qu’une fois le roi assis le premier. Et alors vinrent à lui les deux enfants, Nôzhatou la fillette et le petit Daoul’makân. Et le roi les embrassa et leur suspendit au cou, à chacun, l’une des précieuses gemmes. Et les deux enfants en furent très réjouis ; et leur mère souhaita au roi la prospérité et le bonheur. Alors le roi lui dit : « Ô Safîa, tu es la fille du roi Aphridonios de Constantinia, et tu ne m’en as jamais rien dit ! Pourquoi donc me cacher la chose et m’empêcher, de la sorte, d’avoir pour toi les égards dûs à ton rang et de te hausser en estime et en honneur ! » Et Safîa lui dit : « Ô roi généreux, et que pourrais-je souhaiter de plus, en vérité ? Tu m’as déjà comblée de tes dons et de les faveurs, et tu m’as rendue mère de deux enfants beaux comme des lunes ! » Alors le roi Omar Al-Némân fut très charmé de cette réponse qu’il