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les mille nuits et une nuit

bout de l’année à l’année suivante, même un éléphant. Et il mit ce morceau de banj dans sa poche et attendit que vînt la nuit. Alors il alla trouver la reine Abriza qui se leva pour le recevoir et ne s’assit qu’une fois le roi assis et la permission donnée. Et il se mit à causer avec elle et exprima le désir de boire ; et aussitôt elle fit apporter les boissons et tous les accessoires, tels que : fruits, amandes, noisettes, pistaches et le reste ; et le tout dans de grandes coupes d’or et de cristal. Et tous deux se mirent à boire, et à s’inviter jusqu’à ce que l’ivresse eût commencé à se consolider dans la tête d’Abriza. Ce que voyant, le roi sortit de sa poche le morceau de banj, et le cacha entre ses doigts ; puis il remplit une coupe et la but à moitié et, discrètement, y glissa le morceau de banj, et l’offrit à la jeune fille et lui dit : « Ô royale adolescente, prends cette coupe et bois cette boisson de mon désir ! » Et la reine Abriza, inconsciente, prit la coupe et, rieuse, la but. Elle la but et aussitôt le monde tourna devant ses yeux ; et elle n’eut que le temps de se traîner vers sa couche où, lourdement, elle tomba sur le dos, les bras étendus et les jambes écartées. Et deux grands flambeaux étaient placés l’un au chevet et l’autre au pied du lit.

Alors le roi Omar Al-Némân s’approcha d’Abriza et commença par lui délier les cordons de soie de son ample caleçon, et ne lui laissa sur la peau que la fine chemise légère. Et il souleva l’aile de la chemise et d’en-dessous apparut, entre les cuisses, éclairé en détail par la lumière des flambeaux, quelque chose qui lui ravit l’esprit et la raison. Mais il eut la force de se retenir pour avoir le temps d’enlever, lui aussi,