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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/239

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histoire des animaux… (le loup…)
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garder de ce qui va pleuvoir sur ta tête ! Sinon, reste à jamais là où tu es ! »

Alors le loup se mit à pleurer et, avant de se désespérer tout à fait, dit au renard : « Ô compagnon, je t’en prie, tire-moi de là, en l’approchant, par exemple, du rebord de la fosse et en me tendant le bout de la queue ! Et moi je m’y accrocherai et je sortirai de ce trou ! Et alors je te promets devant Allah de me repentir de toutes mes férocités passées, et je limerai mes griffes et je casserai mes grosses dents, pour ne même plus être tenté d’attaquer mes voisins ; après quoi je vêtirai la robe dure d’ascète et je me retirerai dans la solitude faire pénitence en ne mangeant plus que de l’herbe et en ne buvant plus que de l’eau ! » Mais le renard, loin de se laisser attendrir, dit au loup : « Et depuis quand peut-on si aisément changer sa nature ? Tu es loup et tu resteras loup, et ce n’est pas à moi que tu réussiras à faire croire à ton repentir ! Et d’ailleurs il faudrait que je fusse bien naïf pour te confier ma queue ! Je veux donc te voir mourir, car les sages ont dit : « La mort du méchant est un bien pour l’humanité, car elle purifie la terre !… »

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.

MAIS LORSQUE FUT
LA CENT CINQUANTIÈME NUIT

Elle dit :