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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/271

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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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aussitôt sortit un moment pour revenir suivie de plusieurs suivantes qui portaient sur leurs têtes de grands plateaux d’argent chargés de toutes sortes de mets à l’aspect réjouissant. Et, ces plateaux une fois déposés sur les tapis entre Ali ben-Bekar et Schamsennahar, les suivantes reculèrent tout contre le mur et s’y immobilisèrent.

Alors Schamsennahar invita Abalhassan à s’asseoir en face d’eux, devant les plats d’or ciselé, où s’arrondissaient les fruits et mûrissaient les pâtisseries. Et de ses propres doigts la favorite se mit à confectionner des bouchées de chaque plat, et elle les mettait elle-même entre les lèvres de son ami Ali ben-Bekar. Et elle n’oubliait pas non plus Abalhassan ben-Tâher. Et lorsqu’ils eurent mangé, on enleva les plateaux d’or et on apporta une fine aiguière d’or dans un bassin d’argent ciselé ; et ils se lavèrent les mains avec l’eau parfumée qu’on leur en versait. Après quoi, ils s’assirent de nouveau et les jeunes négresses leur présentèrent des coupes d’agate colorée, posées sur des soucoupes de vermeil et pleines d’un vin exquis, dont le seul aspect réjouissait les yeux et dilatait l’âme. Et ils en burent lentement en se regardant longuement ; et, une fois les coupes vides, Schamsennahar renvoya toutes ses esclaves, ne gardant auprès d’elle que les chanteuses et les joueuses d’instruments.

Alors, comme elle se sentait tout à fait disposée à chanter, Schamsennahar commanda à l’une des chanteuses de préluder d’abord, pour donner le ton ; et la chanteuse accorda aussitôt son luth et chanta doucement :