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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 5, trad Mardrus, 1900.djvu/107

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histoire de karamalzamân avec boudour
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beauté ! Elle vient à peine d’être nubile, car le mois dernier elle est entrée dans sa quinzième année. C’est une fleur exquise que j’aimerais te voir respirer ! Accepte-la, mon fils, et tout de suite j’abdique en ta faveur le trône dont mon grand âge ne me permet plus de supporter les fatigantes charges ! »

Cette proposition, et cette offre généreuse si spontanée jetèrent la princesse Boudour dans un embarras fort gênant. Elle ne sut d’abord que faire pour ne point trahir le trouble qui l’agitait ; et elle baissa les yeux et réfléchit un bon moment, tandis qu’une sueur froide lui glaçait le front. Elle pensa en elle-même : « Si je lui répondais que je suis déjà, en tant que Kamaralzamân, marié avec Sett Boudour, il me répondrait que le Livre permet quatre femmes légitimes ; si je lui disais la vérité sur mon sexe, il serait capable de me forcer à me marier avec lui ; ou bien encore la nouvelle serait connue de tout le monde et j’en aurais une grande honte ; si je refusais cette offre paternelle, son affection se changerait en haine farouche contre moi, et il serait capable, une fois que j’aurais quitté son palais, de me tendre des embûches pour me faire périr. Il vaut donc mieux accepter la proposition, en laissant s’accomplir la destinée ! Et qui sait ce que l’insondable me cache ? En tout cas, en devenant roi, j’aurai acquis un royaume fort beau pour le céder à Kamaralzamân, à son retour. Mais pour ce qui est de la consommation de l’acte avec la jeune Haïat-Alnefous, mon épouse, il y aurait peut-être moyen ; je réfléchirai. »

Donc elle releva la tête et, le visage coloré d’une