l’antiquité du temps, dans le pays de Khaledân, un roi nommé Schahramân, maître de puissantes armées et de richesses considérables. Mais ce roi, bien qu’il fût heureux à l’extrême et qu’il eût soixante-dix favorites, sans compter ses quatre femmes légitimes, souffrait en son âme de sa stérilité en fait d’enfants ; car il était déjà parvenu à un âge avancé et ses os et sa moelle commençaient à s’amincir, et Allah ne le dotait point d’un fils qui pût lui succéder sur le trône du royaume.
Or, un jour il se décida à mettre son grand-vizir au courant de ses peines secrètes et, l’ayant fait appeler, lui dit : « Ô mon vizir, je ne sais vraiment plus à quoi attribuer cette stérilité dont je souffre énormément ! » Et le grand-vizir réfléchit pendant une heure de temps ; après quoi il releva la tête et dit au roi : « Ô roi, en vérité, c’est là une question bien délicate et que ne peut dénouer qu’Allah le Tout-Puissant. Aussi je ne trouve, après avoir bien réfléchi, qu’une seule façon de remédier à la chose. » Et le roi lui demanda : « Et quelle est-elle ? » Le vizir répondit : « Voici ! Cette nuit, avant d’entrer dans le harem, prends soin de remplir scrupuleusement les devoirs prescrits par le rite : fais tes ablutions avec ferveur et ta prière d’un cœur soumis à la volonté d’Allah le Bienfaiteur. Et de la sorte ton union avec une épouse de choix sera fertilisée par la bénédiction ! »
À ces paroles de son vizir le roi Schahramân s’écria : « Ô vizir aux paroles de sagesse, tu m’indiques là un remède admirable ! » Et il remercia beaucoup le grand-vizir de ce conseil et lui fit don d’une robe d’honneur. Puis, le soir venu, il entra dans l’appar-