douce et respectueuse : « Ma mère, repose tes genoux, ne fût-ce qu’une heure seulement ! » La vieille répondit : « Celui qui ne fatigue pas son corps en ce monde ne peut aspirer au repos réservé aux purs et aux élus dans le futur ! » Belle-Heureuse, édifiée à l’extrême, reprit : « De grâce ! ô notre mère, honore notre table de ta présence, et consens à partager avec nous le pain et le sel. » Elle répondit : « J’ai fait vœu de jeûner, ma fille. Je ne puis manquer à mon vœu. Ne te préoccupe donc plus de moi et va rejoindre ton époux. Vous autres, qui êtes jeunes et beaux, mangez et buvez et soyez heureux… »
— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.
LA DEUX CENT QUARANTIÈME NUIT
Elle dit :
« … Vous autres, qui êtes jeunes et beaux, mangez, buvez et soyez heureux ! »
Alors Belle-Heureuse alla trouver son maître et lui dit : « Ô mon maître, je t’en prie, va conjurer cette sainte d’élire domicile désormais dans notre demeure, car son visage macéré dans la piété illuminera notre maison ! » Bel-Heureux répondit : « Sois tranquille. Je lui ai déjà fait préparer dans une chambre à elle une natte neuve et un matelas,