LA DEUX CENT CINQUANTE-TROISIÈME NUIT
Elle dit :
… lorsque sa barbe aurait poussé et grandi à traîner par terre.
Or, un jour l’un des esclaves, qui portait à Grain-de-Beauté les plateaux des mets, oublia de fermer derrière lui la porte du souterrain ; et Grain-de-Beauté voyant ouverte cette porte qu’il n’avait jamais remarquée, tant le souterrain était vaste et plein de rideaux et de portières, se hâta de sortir et de monter vers l’étage où se trouvait sa mère entourée de diverses nobles dames venues en visite.
À ce moment-là Grain-de-Beauté était devenu un merveilleux adolescent de quatorze ans, beau comme un ange ivre, et les joues duvetées comme un fruit, avec toujours, près des lèvres, un grain noir de chaque côté, sans compter celui qu’on ne voyait pas.
Aussi quand les femmes virent entrer tout à coup au milieu d’elles cet adolescent qu’elles ne connaissaient pas, elles se hâtèrent de se voiler le visage, effarouchées, et dirent à l’épouse de Schamseddîn : « Par Allah ! quelle honte sur toi de faire ainsi entrer auprès de nous un jeune homme étranger ! Ne sais-tu donc que la pudeur est un des dogmes essentiels de la foi ? »
Mais la mère de Grain-de-Beauté répondit : « Invo-