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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 5, trad Mardrus, 1900.djvu/234

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les mille nuits et une nuit

alla trouver la caravane déjà toute prête. Et il prit à part le vieux mokaddem des chameliers et des muletiers, le cheikh Kamal, et lui dit : « Ô vénérable mokaddem, je te confie cet enfant, la prunelle de mes yeux, et je le mets sous l’aile d’Allah et sous ta garde ! Et toi, mon fils, dit-il à Grain-de-Beauté, voici celui qui te tiendra lieu de père, en mon absence. Obéis-lui et ne fais jamais rien sans le consulter ! » Puis il donna mille dinars d’or à Grain-de-Beauté, et, comme dernière recommandation, lui dit : « Je te donne ces mille dinars, mon fils, pour que tu puisses les utiliser et attendre patiemment le moment le plus avantageux pour la vente de tes marchandises ; car il faut bien te garder de les vendre au moment de la baisse ; tu dois saisir l’occasion où les étoffes et les autres articles sont le plus en hausse, pour les placer dans les meilleures conditions ! » Puis, les adieux faits, la caravane se mit en marche et fut bientôt hors des portes du Caire.

Or, pour ce qui est de Mahmoud-le-Bilatéral, voici ! En apprenant le départ de Grain-de-Beauté, il eut bientôt fait de se préparer lui aussi, et, en quelques heures, il avait mulets et chameaux chargés et chevaux sellés. Et, sans perdre de temps, il se mit en route et rejoignit la caravane à quelques milles du Caire. Et il se disait : « Maintenant, dans le désert, ô Mahmoud, nul n’ira te dénoncer et nul ne viendra te surveiller ! Et tu pourras, sans crainte d’être troublé, te délecter de cet enfant ! »

Aussi, dès la première étape, le Bilatéral fit dresser ses tentes à côté des tentes de Grain-de-Beauté, et recommanda au cuisinier de Grain-de-