devant la foule massée sur la place et devant les gardes et les portiers, à haute voix il clama :
« Je suis l’astrologue notoire, le magicien digne de mémoire !
« Je suis la corde qui relève les rideaux les plus noirs et la clef qui ouvre les armoires et les tiroirs !
« Je suis la plume qui trace les caractères sur les amulettes et les grimoires !
« Je suis la main qui étend le sable divinatoire et tire la guérison du fond de l’écritoire !
« Je suis celui qui donne leurs vertus aux talismans, et qui obtient par la parole toutes les victoires !
« Je fais dévier les maladies vers les émonctoires ; je ne me sers ni d’inflammatoires, ni de vomitoires, ni de sternutatoires, ni d’infusoires, ni de vésicatoires !
« Je n’use que d’oraisons jaculatoires, de mots évocatoires, de formules propitiatoires, et j’obtiens ainsi des cures péremptoires et méritoires !
« Je suis le magicien notoire, digne de mémoire : accourez tous me voir ! Je ne demande ni pourboire ni obole rémunératoire ; car je fais tout pour la gloire ! »
Lorsque les habitants de la ville, les gardes et les portiers eurent entendu ce boniment, ils furent stupéfaits ; car depuis l’exécution sommaire des quarante médecins ils croyaient cette race-là éteinte, d’autant qu’ils n’avaient jamais plus revu de médecin ou de magicien.
Aussi ils entourèrent tous le jeune astrologue ; et, à la vue de sa beauté et de son teint si frais et de ses