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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/102

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les mille nuits et une nuit

cela tous les jours. Aussi j’eus une telle influence sur lui, que toutes les requêtes et toutes les affaires du royaume passaient par mon entremise, pour le bien général des habitants.

Mais tous ces soins ne me faisaient point oublier mon pays ni perdre l’espoir d’y retourner. Aussi je ne manquais jamais d’interroger tous les voyageurs qui arrivaient dans l’île et tous les marins, en leur demandant s’ils connaissaient Baghdad et de quel côté elle était située. Mais nul ne pouvait me répondre à ce sujet ; et tous me disaient n’avoir jamais entendu parler de cette ville ni appris l’endroit où elle était. Et ma peine augmentait de plus en plus de me voir ainsi condamné à vivre en pays étranger, et ma perplexité était à ses limites de voir les gens ne pas même se douter de l’existence de ma ville et ignorer le chemin qui y conduisait.

Durant mon séjour dans cette île, j’eus l’occasion de voir des choses étonnantes, dont celles-ci entre mille.

Un jour que je m’étais rendu, selon mon habitude, auprès du roi Mihrajân, je fis la connaissance de personnages indiens qui, après les salams de part et d’autre, voulurent bien se prêter à mes questions et m’apprirent que dans le pays de l’Inde il y avait un grand nombre de castes, dont les deux principales étaient la caste des kchatryas, composée d’hommes nobles et justes qui ne commettaient jamais d’exactions ou d’actes repréhensibles, et la caste des brahmes, qui étaient des hommes purs ne buvant jamais de vin et amis de la joie, de la douceur des manières, des chevaux, du faste et de la