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les mille nuits et une nuit

pu te sauver de la noyade ! Mais Allah t’a fait don d’une seconde vie ! »

Après cela, le capitaine se hâta de me livrer mes marchandises que je fis sur l’heure porter au souk, après toutefois m’être assuré que rien n’y manquait et que mon nom et mon cachet se trouvaient encore sur les ballots.

Une fois au souk, j’ouvris mes ballots et je vendis la plus grande partie de mes marchandises, avec des bénéfices de cent pour un, mais je pris soin de réserver quelques objets de prix que je me hâtai d’aller offrir en présent au roi Mihrajân.

Le roi, auquel je relatai l’arrivée du capitaine et du navire, fut extrêmement étonné de cette occurrence inattendue, et, comme il m’aimait beaucoup, il ne voulut pas être avec moi en reste d’amabilité, et me fit à son tour des cadeaux inestimables qui ne contribuèrent pas peu à m’enrichir tout à fait. Car je me hâtai de vendre tout cela et de réaliser ainsi une fortune considérable que je transportai à bord du navire même sur lequel j’avais entrepris mon voyage.

Cela fait, j’allai au palais prendre congé du roi Mihrajân et le remercier pour toutes ses générosités et sa protection. Il me donna congé en me disant des paroles fort touchantes, et ne me laissa partir qu’après m’avoir encore offert des présents somptueux et des objets de prix que je ne pus me décider à vendre, cette fois-là, et que d’ailleurs vous voyez devant vous dans cette salle, ô mes honorables invités ! Je pris également soin d’emporter avec moi, pour toute cargaison, les parfums que vous sentez