Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
les mille nuits et une nuit

villa comme une feuille desséchée et frissonna dans toute son étendue ; et je tombai sans connaissance sur le sol, et je restai ainsi jusqu’au matin.

Alors, sentant que je n’avais pas encore été dévoré, j’eus la forcée de ramper jusqu’à l’entrée, de repousser le rocher et de me glisser au dehors, où j’arrivai comme ivre et sans pouvoir me soutenir sur mes jambes, tant j’étais épuisé par le manque de sommeil et de nourriture et par cette terreur sans répit.

Je regardai autour de moi et soudain, à quelques pas de mon nez, je vis tomber un gros quartier de viande qui vint s’aplatir avec fracas sur le sol. D’abord ébahi, je sursautai, puis je levai les yeux pour voir celui qui voulait ainsi m’assommer ; mais je ne vis personne. Alors je me souvins d’une histoire entendue jadis de la bouche des marchands voyageurs et des explorateurs de la montagne des diamants, où il était raconté que les chercheurs de diamants, ne pouvant descendre dans cette vallée inaccessible, avaient recours à un moyen curieux pour se procurer ces pierres précieuses. Ils tuaient des moutons, les découpaient en gros quartiers et les lançaient au fond de la vallée où ils allaient tomber sur les pointes des diamants qui s’y incrustaient profondément. Alors les rokhs et les aigles gigantesques venaient fondre sur cette proie et l’enlevaient de cette vallée pour la porter dans leurs nids, au haut des rochers, où servir de pâture à leurs petits. Alors les chercheurs de diamants se précipitaient sur l’oiseau en faisant de grands gestes et de grands cris qui lui faisaient lâcher prise et l’obligeaient à