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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/140

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les mille nuits et une nuit

seras à moi, ce soit avec plaisir et en appelant sur moi les bénédictions ! » Moi, je répondis : « Certainement, ô capitaine ! je ne manquerai pas de faire des vœux pour toi. » Il me dit : « Sache qu’il y a de cela quelques années nous avions avec nous un voyageur qui s’est perdu dans une île où nous avions fait escale. Et depuis lors nous n’avons plus eu de ses nouvelles, et nous ne savons s’il est mort ou s’il est encore en vie. Comme nous avons en dépôt dans le navire les marchandises laissées par ce voyageur, j’ai eu l’idée de te les confier pour que, moyennant un courtage prélevé sur le gain, tu les vendes dans cette île et m’en rapportes le prix afin qu’à mon retour à Baghdad je pusse le remettre à ses parents ou le lui remettre à lui-même s’il a réussi à regagner sa ville. » Et moi je répondis : « Je te dois l’ouïe et l’obéissance, ô mon maître ! Et je te devrai vraiment beaucoup de gratitude pour ce que tu veux me faire honnêtement gagner ! »

Alors le capitaine ordonna aux matelots de tirer les marchandises de la cale et de les porter sur le rivage, à mon intention. Puis il appela l’écrivain du navire et lui dit de les compter et de les inscrire, ballot par ballot. Et l’écrivain répondit : « À qui appartiennent ces ballots, et au nom de qui dois-je les inscrire ? » Le capitaine répondit : « Le propriétaire de ces ballots s’appelait Sindbad le Marin. Maintenant inscris-les au nom de ce pauvre passager, et demande-lui son nom. »

À ces paroles du capitaine, je fus prodigieusement étonné et je m’écriai : « Mais c’est moi, Sindbad le Marin ! » Et, ayant regardé attentivement le capi-