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histoire de sindbad le marin (4e voyage)
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vrit et on descendit cette fois une femme morte et un homme. Je ne manquai pas pour vivre, car l’âme est chère ! d’assommer l’homme et de lui enlever ses pains et son eau. Et je continuai à vivre ainsi pendant un long temps, en tuant chaque fois la personne que l’on enterrait vivante et en lui volant ses provisions.

Un jour d’entre les jours, je dormais à ma place ordinaire, quand je me réveillai en sursaut à un bruit inaccoutumé. C’était comme un souffle humain et un bruit de pas. Je me levai et pris cet os qui me servait à assommer les individus enterrés vivants, pour me diriger du côté d’où semblait venir le bruit. Au bout de quelques pas, je crus entrevoir que quelque chose prenait la fuite en soufflant avec force. Alors moi, toujours armé de mon os, je suivis cette espèce d’ombre fuyante, je la suivis longtemps, et je continuais à courir derrière elle dans l’obscurité, en trébuchant à chaque pas sur les ossements des morts, quand soudain, droit devant moi, dans le fond de la grotte, je crus apercevoir comme une étoile lumineuse qui tantôt brillait et tantôt s’éteignait. Je continuai à m’avancer dans cette direction, et à mesure que j’avançais je voyais la lumière grandir et s’élargir. Mais je n’osais point croire que ce fût là, une ouverture par où m’échapper vers le dehors ; et je me disais : « Ce doit être certainement un second orifice de ce puits, par où des hommes font descendre un cadavre ! » Aussi quelle ne fut point mon émotion quand je vis l’ombre fuyante, qui n’était autre chose qu’un animal, prendre son élan et sauter à travers cet orifice. Alors je compris, que c’était là un