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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/219

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histoire de zoumourroud avec alischar
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Lorsque Alischar eut jeté ses regards sur la belle jeune fille, il fut extrêmement émerveillé, et, soit qu’il fût immobilisé par l’admiration, soit qu’il voulût oublier un instant sa misère au spectacle de la beauté, il se mêla à la foule rassemblée qui déjà s’apprêtait à la vente. Et les marchands et les courtiers qui étaient là, ignorant encore sa ruine, ne doutèrent pas un instant qu’il ne fût venu pour acquérir l’esclave : car ils le savaient très riche de l’héritage de son père, le syndic Gloire.

Mais bientôt à côté de l’esclave vint se placer le chef courtier et, par-dessus les têtes empressées, il clama : « Ô marchands, ô maîtres des richesses, citadins ou habitants libres du désert, l’ouvreur de la porte de l’encan n’a aucun blâme à encourir ! Hardi donc ! Voici devant vous la souveraine de toutes les lunes, la perle des perles, la vierge pleine de pudeur, la noble Zoumourroud, incitatrice de tous les désirs et jardin de toutes les fleurs ! Ouvrez l’encan, ô assistants ! Nul blâme à l’ouvreur de l’encan ! Voici devant vous la souveraine de toutes les lunes, la vierge pleine de pudeur Zoumourroud, jardin de toutes les fleurs ! »

Aussitôt d’entre les marchands quelqu’un cria : « J’ouvre à cinq cents dinars ! » Un autre dit : « Et dix ! » Alors un vieux, difforme et hideux, aux yeux bleus et louches, qui s’appelait Rachideddîn, cria : « Et cent ! » Mais une voix dit : « Et dix ! » À ce moment, le vieillard aux yeux bleus si laids renchérit en bloc en criant : « Mille dinars ! »

Alors tous les autres acheteurs emprisonnèrent leur langue et gardèrent le silence. Et le crieur se