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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/23

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histoire de la docte sympathie
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finesse de sa taille et laissait profondément imprimé sur les sofas et les matelas le creux formé par l’importance de son poids. Et c’est d’elle qu’il s’agissait dans ce chant du poète :

« Elle est solaire, elle est lunaire, elle est végétale telle la tige du rosier ; elle est aussi loin des couleurs de la tristesse que le soleil, la lune et la tige du rosier.

« Lorsqu’elle paraît, sa présence émeut profondément les cœurs, et lorsqu’elle s’éloigne, les cœurs restent anéantis.

« Le ciel est sur son visage ; les pelouses d’Éden, parmi lesquelles coule la source de vie, s’étendent sous sa tunique, et la lune brille sous son manteau.

« Sur son corps charmant s’harmonisent toutes les couleurs : l’incarnat des roses, l’éclatante blancheur de l’argent, le noir de la baie mûre et la couleur du sandal. Et sa beauté est si grande qu’elle la défend même contre le désir.

« Béni soit Celui qui a déployé sur elle la beauté, et heureux l’amant qui peut savourer les délices de ses paroles ! »

Telle était l’esclave Sympathie, seul trésor que possédât encore le prodigue Aboul-Hassan.

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.