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les mille nuits et une nuit

ment ! » Et ils la renversèrent et la couchèrent sur le ventre. Alors ce misérable vieux chrétien prit un fouet et se mit à l’en flageller cruellement sur ses belles parties arrondies, de façon que chaque coup laissait une longue raie rouge sur le blanc de son derrière. Et Zoumourroud à chaque coup qu’elle recevait, loin de faiblir dans sa foi, s’écriait : « Il n’y a de Dieu qu’Allah, et Môhammad est l’envoyé d’Allah ! » Et il ne s’arrêta de la frapper que lorsqu’il ne put plus lever le bras. Alors il ordonna à ses esclaves de la jeter à la cuisine, avec les servantes, et de ne lui rien donner à manger ni à boire. Et ils obéirent à l’instant. Et voilà pour eux !

Quant à Alischar, il resta étendu, privé de sentiment, dans le vestibule de sa maison, jusqu’au lendemain. Il put alors reprendre ses sens et ouvrir les yeux, une fois dissipée l’ivresse du banj et envolées de sa tête les fumées de l’opium. Il se leva alors sur son séant et, de toutes ses forces, il appela : « Ya Zoumourroud ! » Mais personne ne lui répondit. Il se leva anxieux et entra dans l’appartement, qu’il trouva vide et silencieux, et où les voiles de Zoumourroud. et ses écharpes gisaient sur le sol. Alors il se rappela le chrétien ; et, comme lui aussi avait disparu, il ne douta plus de l’enlèvement de sa bien-aimée Zoumourroud. Il se jeta alors par terre, en se frappant la tête et en sanglotant ; puis il déchira ses vêtements, et pleura toutes les larmes de la désolation, et, à la limite du désespoir, il s’élança hors de sa maison, ramassa deux gros cailloux dont il se mit un dans chaque main, et commença à parcourir, hagard, toutes les rues en se frappant la poitrine avec