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les mille nuits et une nuit

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.

MAIS LORSQUE FUT
LA TROIS CENT VINGT-CINQUIÈME NUIT

Elle dit :

… Alors l’un de ses voisins, scandalisé, lui dit : « N’as-tu donc pas honte de tendre la main vers ce qui est loin de ta portée, et de t’emparer pour toi seul d’un si grand plateau ? Ignores-tu donc que la politesse nous enseigne de ne manger que ce qui est devant nous ? » Et un autre voisin ajouta : « Puisse ce mets te peser sur le ventre et bouleverser tes tripes ! » Et un amusant bonhomme, grand mangeur de haschich lui dit : « Hé, par Allah ! partageons ! Approche-moi ça, que j’en prenne une bouchée ou deux ou trois ! » Mais Barssoum lui jeta un regard de mépris et lui cria violemment : « Ah ! maudit mangeur de haschich, ce noble mets n’est pas fait pour ta mâchoire ; il est destiné au palais des émirs et des gens délicats ! » Et il s’apprêtait à plonger ses doigts dans la délicieuse pâte, quand Zoumourroud, qui l’observait depuis un certain temps, le reconnut et dépêcha vers lui quatre gardes, en leur disant : « Courez vite vous emparer de cet individu qui mange du riz au lait, et amenez-le-moi ! » Et les quatre gardes se précipitèrent sur Barssoum, lui arrachèrent des doigts la bouchée qu’il s’apprêtait à avaler, le jetèrent la