Aller au contenu

Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire des six adolescentes
293

À ces paroles de Houria-du-Paradis, Ali El-Yamani, son maître, lui dit : « En vérité, ô Houria, ton éloquence est notoire ! Et toi, Pleine-Lune, ton langage est admirable. Mais maintenant il est temps de regagner vos places afin de laisser parler la blonde et la brune ! »

Alors Soleil-du-Jour et Flamme-du-Brasier se levèrent et vinrent se tenir en face l’une de l’autre. Et, la première, l’adolescente blonde dit à sa rivale :

« C’est moi la blonde décrite longuement dans le Korân ! C’est moi qu’Allah a qualifiée quand il a dit : « Le jaune est la couleur qui réjouit les regards ! » Je suis ainsi la plus belle des couleurs !

« Ma couleur est une merveille, ma beauté est une limite, et mon charme est une fin. Car ma couleur donne à l’or sa valeur, et au soleil et aux astres leur beauté.

« C’est elle qui embellit les pommes et les pêches, et donne sa teinte au safran. Je donne leurs tons aux pierres précieuses, et aux blés leur maturité !

« Les automnes me doivent l’or de leur parure, et la terre n’est si belle de son tapis de feuilles qu’à cause de la teinte qui fige sur elle les rayons du soleil.

« Mais toi, ô brune, quand ta couleur se trouve dans un objet, elle suffit pour le déprécier. Rien n’est plus commun ou plus laid que cela ! Regarde les buffles, les ânes, les loups et les chiens : ils sont bruns !

« Nomme-moi un seul mets dans lequel on voie de bon œil ta couleur ! Ni les fleurs, ni les pierreries