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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/63

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histoire de la docte sympathie
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Il dit : « Dis-moi ce que tu peux, concernant le problème que voici : une troupe de pigeons s’abat sur un arbre ; les uns se perchent sur les branches supérieures, et les autres sur les branches du bas. Les pigeons qui occupent la cime de l’arbre disent à ceux du bas : « Si l’un de vous se joint à nous, notre troupe sera double de la vôtre, mais si l’un de nous descend vers vous, vous nous égalerez en nombre. Combien y avait-il de pigeons ? »

Elle répondit : « Il y avait douze pigeons en tout. En effet, il y en avait sept sur la cime de l’arbre et cinq sur les branches du bas. Si l’un des pigeons du bas s’était joint à ceux du haut, le nombre de ces derniers se serait trouvé porté à huit, qui est le double de quatre ; mais si l’un de ceux du haut était descendu vers ceux du bas, ils eussent été six des deux côtés. Mais Allah est plus savant ! »

Lorsque le philosophe eut entendu ces diverses réponses, il craignit que l’adolescente ne l’interrogeât, et, comme il tenait à son manteau, il se hâta de prendre la fuite et de disparaître.

C’est alors que se leva l’homme le plus savant du siècle, le sage Ibrahim ben-Saïar qui vint prendre la place du philosophe et dit à la belle Sympathie : « Je veux croire que d’avance tu t’avoues vaincue, et qu’il est inutile de t’interroger davantage ! »

Elle répondit : « Ô vénérable savant, je te conseille d’envoyer chercher d’autres habits que ceux que tu portes, puisque dans quelques instants je dois te les enlever ! »

Le savant dit : « Nous allons bien voir ! Quelles