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les mille nuits et une nuit

noyer, marcher mieux encore sur l’eau que sur la terre ferme, ils s’enhardirent et se mirent en route d’une allure accélérée pour ne pas perdre de temps. Ils marchérent de la sorte sur cette mer durant trois jours et trois nuits et, au matin du quatrième jour, ils arrivèrent à une île qu’ils prirent pour le paradis, tant ils furent émerveillés de sa beauté…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.

MAIS LORSQUE FUT
LA TROIS CENT CINQUANTE-NEUVIÈME NUIT

Elle dit :

… une île qu’ils prirent pour le paradis, tant ils furent émerveillés de sa beauté. La terre qu’ils foulaient était de safran doré ; les pierres étaient de jade et de rubis ; les prairies se déployaient en parterres de fleurs exquises aux corolles ondulantes sous la brise qu’elles embaumaient, où se mariaient les sourires des roses aux tendres regards des narcisses, où voisinaient les lis, les œillets, les violettes, les camomilles et les anémones, et où, entre les haies blanches des jasmins, folâtraient, légères, les bondissantes gazelles ; les forêts de bois d’aloès et d’arbres à grandes fleurs éclatantes bruissaient de toutes leurs branches où roucoulaient les tourterelles pour répondre au murmure des ruisseaux, où les