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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 7, trad Mardrus, 1901.djvu/178

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les mille nuits et une nuit

planche de bois, un clou, un nègre qui joue de la clarinette, mille dinars, vingt caisses remplies d’étoffes, vingt danseuses, cinquante magasins de réserve, la ville de Koufa, la ville de Gaza, Damiette, Assouân, le palais de Khosrou-Anouschirwân et celui de Soleïmân, toutes les contrées situées entre Balkh et Ispahân, les Indes et le Soudan, Baghdad et le Khorassân ; il contient, en outre, — qu’Allah préserve les jours de notre maître le kâdi ! — un linceul, un cercueil et un rasoir pour la barbe du kâdi si le kâdi ne veut point reconnaître mes droits et juger que ce sac est mon sac ! »

Lorsque le kâdi eut entendu tout cela, il nous regarda et me dit : « Par Allah ! ou bien vous êtes deux garnements qui vous moquez de la loi et de son représentant, ou bien ce sac doit être un abîme sans fond ou même la Vallée-du-Jour-du-Jugement ! »

Et aussitôt le kâdi, pour contrôler nos paroles, fit ouvrir le sac devant les témoins. Il contenait quelques écorces d’oranges et des noyaux d’olives !

Alors moi, je déclarai au kâdi ahuri à la limite de l’ahurissement que ce sac-là appartenait au Kourde, mais que le mien avait disparu ! Et je m’en allai. »

Lorsque le khalifat Haroun Al-Rachid eut entendu cette histoire, il se renversa sur son derrière par la force explosive de son rire, et donna un magnifique cadeau à Ali le Persan. Et cette nuit-là il dormit d’un profond sommeil jusqu’au matin !


— Puis Schahrazade ajouta : « Mais ne crois point, ô