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les mille nuits et une nuit


ABOU-NOWAS IMPROVISANT


Une nuit le khalifat Haroun Al-Rachid, pris d’une tenace insomnie, se promenait seul sous les galeries de son palais, quand il aperçut une de ses esclaves, qu’il aimait à l’extrême, se diriger vers son pavillon réservé. Il la suivit et pénétra derrière elle dans le pavillon. Il la prit alors dans ses bras et se mit à la caresser et à jouer avec elle, si bien que le voile tomba qui l’enveloppait, et que la tunique glissa également de ses épaules.

À cette vue, le désir s’alluma dans l’âme du khalifat qui voulut à l’instant posséder sa belle esclave ; mais elle se récusa, disant : « De grâce ! ô émir des Croyants, remettons la chose à demain, car ce soir je ne m’attendais pas à l’honneur de ta visite, et je ne me suis guère préparée pour cela. Mais demain, si Allah veut ! tu me trouveras toute parfumée, et sur la couche mes jasmins embaumeront ! » Alors Al-Rachid n’insista pas et retourna se promener.

Le lendemain, à la même heure, il envoya le chef des eunuques, Massrour, prévenir l’adolescente de la visite projetée. Mais justement l’adolescente avait eu dans la journée un commencement de fatigue et, se sentant lasse et plus mal disposée que jamais, se contenta, pour toute réponse à Massrour qui lui rappelait sa promesse de la veille, de citer le pro-