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l’étrange khalifat
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vos gens et conduits entre vos mains, sans que nous » ayons pu nous douter de la faute commise ! » Il leur dit : « Soyez donc sans crainte, puisque vous êtes étrangers à Baghdad ! Sans cela, je vous eusse certainement fait trancher la tête ! » Puis il se tourna vers son vizir et lui dit : « Laisse ceux-là venir avec nous. Ils seront nos hôtes ce soir ! »

Ils accompagnèrent alors le cortège et arrivèrent de la sorte à un palais qui ne pouvait être comparé en magnificence qu’à celui de l’émir des Croyants. Sur la porte de ce palais était gravée cette inscription :

En cette demeure où l’hôte est le bienvenu, le temps a mis la beauté de ses teintes, l’art a semé sa décoration, et l’accueil généreux du maître ouvre l’esprit au contentement.

Ils entrèrent alors dans une salle magnifique dont le sol était couvert de tapis de soie jaune, et l’étrange khalifat, s’étant assis sur un trône d’or, permit à tous les autres de s’asseoir autour de lui. On servit immédiatement le festin ; ils mangèrent et se lavèrent les mains ; puis, les boissons rangées sur la nappe, ils burent largement dans la même coupe à tour de rôle. Mais lorsque vint le tour du khalifat Haroun Al-Rachid, celui-ci se défendit de boire. Alors l’étrange khalifat se tourna vers Giafar et lui demanda : « Pourquoi ton ami ne veut-il pas boire ? » Il répondit : « Il y a longtemps, seigneur, qu’il ne boit plus ! » L’autre dit : « En ce cas, je vais lui faire servir autre chose ! » Aussitôt il donna un ordre à un de