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les mille nuits et une nuit

continuer. Et j’en oubliai mes intérêts, ma boutique, mes biens à gérer, et ma maison avec tout ce qu’elle contenait, jusqu’à ce qu’elle vînt me trouver un jour, qui était le premier jour du second mois, et me dit : « Je suis obligée de m’absenter quelques heures, le temps seulement d’aller au hammam et d’en revenir. Toi, je t’en supplie, ne quitte pas ce lit ; et ne te lève pas jusqu’à ce que je sois de retour. Et je te reviendrai toute fraîche du hammam, et légère et parfumée ! » Puis, pour être plus sûre de l’exécution de cet ordre, elle me fit prêter le serment de ne point bouger du lit. Après quoi elle emmena deux de ses esclaves, qui prirent les serviettes et les paquets de linge et de vêtements, et s’en alla avec elles au hammam.

Or, ô mes maîtres, elle était à peine sortie de la maison, que je vis, par Allah ! la porte s’ouvrir, et entrer dans ma chambre une vieille femme qui me dit, après les salams : « Ô mon maître Môhammad, l’épouse de l’émir des Croyants, Sett Zobéida, m’envoie vers toi pour te prier de te rendre au palais où elle désire te voir et t’entendre ; car on lui a parlé en termes si admiratifs de tes manières distinguées, de ta politesse et de ta belle voix, qu’elle a eu grande envie de te connaître ! » Je répondis : « Par Allah ! ma bonne tante, Sett Zobéida me fait un honneur extrême de m’invitera aller la voir ; mais je ne puis quitter la maison avant le retour de mon épouse qui est allée au hammam. » La vieille me dit : « Mon enfant, je te conseille, dans ton intérêt, de ne pas différer d’un instant la visite qu’on te demande, si tu ne veux pas que Sett Zobéida devienne ton ennemie !