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histoire de wardân le boucher
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vaient, il laissa le portefaix et se mit à les servir.

Le lendemain, après une nuit passée à songer à cet état de choses qui le préoccupait à l’extrême, il vit arriver, à la même heure, l’adolescente suivie du portefaix. Et il se dit : « Par Allah ! il me faut cette fois, coûte que coûte, savoir ce que je veux savoir ! » Et, après que l’adolescente se fût éloignée avec ses divers achats, il chargea son aide, le garçon boucher, du soin de la boutique comme vente et achat, et se mit à la suivre de loin, de façon à ne pas en être remarqué. Il marcha de la sorte derrière elle jusqu’à l’entrée des jardins du vizir, et se cacha derrière les arbres pour attendre le retour du portefaix, qu’il vit, en effet, les yeux bandés et conduit par la main à travers les allées. Après une absence de quelques instants, il la vit revenir à l’entrée, enlever le voile des yeux du portefaix, le congédier et attendre que ce portefaix eût disparu pour rentrer dans le jardin.

Alors il se leva de sa cachette et la suivit, pieds nus, en se dissimulant derrière les arbres. Il la vit de la sorte arriver devant un quartier de rocher, le toucher d’une certaine façon, le faire tourner sur lui-même, et disparaître par un escalier dont il vit les marches descendre sous terre. Il attendit alors quelques instants et s’approcha du rocher qu’il se mit à manipuler de la même façon, et qu’il réussit à faire tourner. Il s’enfonça alors sous terre, en ramenant le rocher à sa place, et voici raconté par lui-même, ce qu’il vit.

Il dit :

« D’abord je ne distinguai rien dans l’obscurité souterraine ; puis je finis par apercevoir un corridor