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les mille nuits et une nuit

du bois et, sans vouloir retirer du fond leur compagnon, ils s’en allèrent tous vers la ville en se disant : « Si nous le tirons de la cavité, nous serons obligés de partager avec lui le profit de la vente. C’est d’ailleurs un vaurien dont la mort est préférable à la vie ! »

Ils s’en allèrent donc au marché avec leurs ânes, et dépêchèrent quelqu’un d’entre eux auprès de la mère de Hassib pour lui dire : « Pendant que nous étions dans la montagne, l’âne de ton fils, quand l’orage éclata sur nous, prit la fuite et obligea ton fils à courir derrière lui pour le rattraper, pendant que nous nous étions réfugiés dans une caverne. Le malheur voulut que soudain un loup sortît de la forêt, tuât ton fils et le mangeât ainsi que l’âne. Et nous n’avons retrouvé de leurs traces qu’un peu de sang et quelques ossements ! »

À cette nouvelle, la malheureuse mère et la pauvre femme de Hassib se frappèrent le visage et se couvrirent la tête de poussière en pleurant toutes les larmes de leur désespoir. Et voilà pour elles !

Quant aux bûcherons, ils vendirent les pots de miel à un prix fort avantageux, et réalisèrent un gain si considérable qu’ils purent ouvrir chacun une boutique de marchand pour vendre et acheter. Et ils ne se privèrent d’aucun plaisir, mangeant et buvant les plus excellentes choses, tous les jours. Et voilà pour eux !

Mais pour ce qui est du jeune Hassib, voici ! Lorsqu’il vit qu’on ne le tirait pas de la cavité, il se mit à crier et à supplier, mais en vain, puisque les bûcherons étaient partis et avaient résolu de le lais-