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les mille nuits et une nuit

Alors le roi donna l’ordre à tout le monde de s’éloigner de là à la distance d’une portée d’arc. Et le jeune prince lui dit : « Ô roi, regarde-moi bien ! Je vais sauter sur mon cheval et me précipiter au grand galop sur tes troupes que je disperserai à droite et à gauche ; et je jeterai l’épouvante dans leurs cœurs et le tremblement ! » Et le roi répondit : « Fais ce que tu veux maintenant ; mais surtout ne les épargne pas, car ils ne t’épargneront pas ! »

Et Kamaralakmar appuya légèrement sa main sur l’encolure de son cheval, et d’un saut fut sur son dos.

De leur côté, les troupes, anxieuses, s’étaient alignées plus loin en rangs serrés et tumultueux ; et les guerriers se disaient les uns aux autres : « Lorsque ce jouvenceau sera arrivé devant nos rangs nous le cueillerons à la pointe de nos piques et nous le recevrons sur le tranchant de nos cimeterres ! » Mais d’autres disaient : « Par Allah ! c’est là une grande misère ! Comment aurons-nous le cœur de tuer un si beau garçon, un jouvenceau si tendre, si élégant et si gentil ? » Et d’autres disaient : « Par Allah ! il faut que nous soyons insensés pour croire que nous allons facilement venir à bout de ce jeune homme ! Il est certain que s’il s’est jeté dans une pareille aventure, c’est qu’il avait la certitude de réussir. En tout cas, cela nous est une preuve de son courage, de sa valeur, et de l’intrépidité de son âme et de son cœur ! »

Quant à Kamaralakmar, une fois qu’il se fut bien consolidé sur la selle, il fit manœuvrer la cheville de l’ascension, tandis que tous les yeux étaient tournés