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les mille nuits et une nuit

« Ton souvenir, ô bien-aimé, ne s’effacera point de mon cœur, ni par l’absence ni par l’éloignement.

« Les jours peuvent passer et le temps mourir, mais jamais ne peut mourir ton amour dans mon cœur.

« Dans cet amour je veux moi-même mourir, et dans cet amour ressusciter. »

Lorsque le prince eut entendu ces vers, les feux du désir étincelèrent dans son cœur, les flammes de la passion redoublèrent de chaleur, les regrets et les tristesses remplirent de deuil son esprit, et l’amour lui bouleversa les entrailles. Aussi, ne pouvant plus résister aux sentiments qui l’agitaient au sujet de la princesse de Sana, il se leva à l’heure et à l’instant, monta sur la terrasse du palais et, malgré le conseil de son père, sauta sur le dos du cheval d’ébène et tourna la cheville de l’ascension. Aussitôt le cheval, comme un oiseau, s’éleva avec lui dans les airs en prenant son essor vers les hautes régions du ciel.

Or, le lendemain matin, le roi son père le chercha dans le palais et, ne le trouvant pas, monta sur la terrasse et fut consterné en constatant la disparition du cheval ; et il se mordit les doigts de repentir, pour n’avoir pas pris ce cheval et ne l’avoir pas mis en pièces ; et il se dit : « Par Allah ! si mon fils me revient encore, je détruirai ce cheval, afin que mon cœur puisse être tranquille et mon esprit désormais sans secousses ! » Et il redescendit dans son palais, où il retomba dans les pleurs, les sanglots et les lamentations. Et voilà pour lui !

Quant à Kamaralakmar, il continua son rapide voyage aérien, et arriva à la ville de Sana. Il mit pied