Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
les mille nuits et une nuit

portière et pénétra dans la chambre. Et il vit la jeune fille couchée sur son lit, avec, pour toute chemise, sa chevelure, et pour toute couverture son éventail de plumes blanches. Et comme elle avait l’air d’être assoupie, il s’approcha d’elle et tout doucement il la toucha d’une caresse. Aussitôt elle ouvrit les yeux et le vit debout à côté d’elle, penché dans une interrogation pleine d’anxiété, et murmurant : « Pourquoi ces larmes et ces gémissements ? » À cette vue la jeune fille, ranimée d’une vie nouvelle, se leva soudain et, se jetant tout contre lui, lui entoura le cou de ses bras et se mit à lui couvrir le visage de baisers en lui disant : « Mais tout cela, c’était à cause de ton amour et de ton éloignement, ô lumière de mon œil ! » Il répondit : « Ô ma maîtresse, et moi ! dans quelle désolation n’ai-je pas été à cause de toi tout ce temps-là ! » Elle reprit : « Et moi ! comme aussi j’ai été désolée de ton absence ! Si tu avais tardé plus longtemps à revenir, je serais morte certainement ! » Il dit : « Ô ma maîtresse, que penses-tu de mon cas avec ton père, et de la façon dont il m’a traité ? Par Allah ! n’était ton amour, ô séductrice de la Terre, du Soleil et de la Lune et tentatrice des habitants du Ciel, de la Terre et de l’Enfer, je l’aurais certainement égorgé et j’en aurais fait un exemple et un enseignement à tous les observateurs ! Mais de même que je t’aime, je l’aime lui aussi maintenant ! » Elle reprit : « Comment as-tu pu te décider à m’abandonner ? Et comment la vie m’aurait-elle paru douce après toi ? » Il dit : « Du moment que tu m’aimes, voudras-tu m’écouter et suivre mes conseils ? » Elle répondit : « Tu n’as qu’à parler, et je t’obéirai et