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histoire magique du cheval d’ébène
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veux-tu que je te rende à ton père et à ta mère ? » Elle répondit : « Par Allah ! ô mon maître, ce n’est point là mon désir ! La seule chose que je souhaite est d’être avec toi partout où tu es ; car l’amour que j’éprouve pour toi me fait tout négliger et tout oublier, y compris mon père et ma mère ! »

En entendant ces paroles, le prince se réjouit à la limite de la joie, et fit voler son cheval à l’allure la plus rapide, sans que cela émût ou troublât la jeune fille ; et de cette façon ils ne tardèrent pas à arriver à mi-route, à un endroit où s’étendait une magnifique prairie arrosée d’eaux courantes, où ils mirent un instant pied à terre. Ils mangèrent, burent, et prirent quelque repos, pour, immédiatement après, remonter sur leur cheval magique et partir à toute vitesse dans la direction de la capitale du roi Sabour, en vue de laquelle ils arrivèrent un matin. Et le prince se réjouit beaucoup de leur arrivée sans accident, et eut d’avance un grand plaisir en songeant qu’il allait enfin pouvoir montrer à la princesse ce qu’il possédait sous sa main en propriétés et en territoires, et lui faire constater la puissance et la gloire de son père, le roi Sabour, tout en lui prouvant combien le roi Sabour était plus riche et plus grand que son père à elle, le roi de Sana ! Il commença donc par atterrir au milieu d’un beau jardin, situé hors de la ville, où le roi son père avait l’habitude de venir se distraire et respirer le bon air, conduisit la jeune fille dans le pavillon d’été, surmonté d’une coupole, que le roi avait fait construire et apprêter pour lui-même, et lui dit : « Je vais te laisser un moment ici pour aller prévenir mon