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histoire magique du cheval d’ébène
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et un peu de patience encore ; car notre situation réclame une grande prudence et des précautions infinies, si nous voulons nous tirer des mains de ce roi tyrannique. Moi, je vais de suite commencer par le raffermir dans son idée à ton sujet, à savoir que tu es possédée par les genn et que c’est de là que découle ta folie ; mais je lui dirai que je viens de te guérir à l’instant au moyen des vertus mystérieuses que je possède ! Toi, seulement, il te faut lui parler avec calme et aménité pour lui donner ainsi la preuve de ta guérison par mon entremise ! Et de la sorte notre but sera atteint, et nous pourrons réaliser notre plan ! » Et la jeune fille répondit : « J’écoute et j’obéis ! »

Alors Kamaralakmar s’approcha du roi, qui se tenait au fond de la pièce, et, avec un visage de bonne nouvelle, lui dit : « Ô roi fortuné, j’ai pu, grâce à ta bonne destinée, reconnaître sa maladie et trouver le remède de sa maladie. Et je te l’ai guérie ! Tu peux donc t’approcher d’elle et lui parler doucement et avec bonté, et lui promettre ce que tu as à lui promettre ; et tout ce que tu désireras d’elle sera accompli ! » Et le roi, à la limite de l’émerveillement, s’approcha de la jeune fille, qui aussitôt se leva pour lui et embrassa la terre entre ses mains, puis lui souhaita la bienvenue et lui dit : « Ta servante est confuse de l’honneur que tu lui fais en lui rendant visite aujourd’hui ! » Et le roi, en entendant et voyant tout cela, fut sur le point de s’envoler de joie…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.