Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/149

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histoire de dalila-la-rouée…
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maintenant qu’il ne réalise sa menace et ne prenne sur moi une seconde femme qui lui donne des enfants ! Et il est riche en terres, en maisons, en émoluments, en villages entiers ; et s’il a des enfants de la seconde, moi je serai frustrée de tous ces biens ! » La vieille répondit : « Ma fille, on voit bien combien tu es ignorante des vertus de mon seigneur, le cheikh Père-des-Assauts, le puissant Maître-des-Charges, le Multiplicateur-des-Grossesses ! Ne sais-tu donc point qu’une seule visite à ce saint fait d’un pauvre débiteur un riche créancier et d’une femme stérile un grenier de fécondité ? » La belle Khatoun répondit : « Ô ma mère, depuis le jour de mon mariage je ne suis pas sortie une seule fois de la maison, et je n’ai même pas pu rendre les visites de félicitations ou de condoléances ! » La vieille dit : « Ô mon enfant, je veux te conduire chez mon seigneur le cheikh Père-des-Assauts et Multiplicateur-des-Grossesses. Et toi, ne crains point de lui confier le poids qui t’oppresse, et fais-lui un vœu. Et alors tu peux être sûre qu’à son retour de voyage, ton époux couchera avec toi, en s’unissant à toi par la copulation ; et tu seras enceinte de ses œuvres d’une fille ou d’un garçon. Mais que ton enfant soit mâle ou femelle, fais le vœu de le consacrer comme derviche au service de mon seigneur le Père-des-Assauts ! »

À ces paroles, la belle Khatoun, émue d’espoir et de plaisir, revêtit ses plus belles robes et s’orna de ses plus beaux bijoux, puis dit à sa servante : « Fais bien attention à la maison ! » Et la servante répondit : « J’écoute et j’obéis, ô ma maîtresse ! » Alors Khatoun sortit avec Dalila et rencontra à la sortie le vieux