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les mille nuits et une nuit

Je viens vous soumettre mon état et vous conter ma plainte d’amour, afin que votre cœur ait compassion du malheureux que brûle la passion et que torture le sort.

Cette plainte, je vous la trace ici avec les larmes de mes yeux, pour qu’elle vous prouve mieux ainsi l’amour qui l’a causée.

Qu’Allah préserve de toute atteinte un visage que la beauté a pris soin de recouvrir de son voile, devant qui s’incline la lune et qu’honorent, en esclaves, les étoiles.

Sous le rapport de la beauté, je n’ai jamais vu sa pareille ! Ô sa taille ! Les flexibles rameaux apprennent à onduler en la voyant se balancer.

Maintenant j’ose vous prier, si cela ne vous est point une cause d’ennui, de venir me voir. Ô ! cela m’est d’un grand prix.

Il ne me reste plus qu’à vous faire don de mon âme, dans l’espoir que vous l’accepterez peut-être. Votre venue me sera le Paradis, et votre refus la Géhenne !

Cela écrit, il plia la feuille, la baisa et la remit à la nourrice en lui disant : « Ma mère, je compte sur ta bonté pour prédisposer en ma faveur le bon vouloir de ta maîtresse ! » Elle répondit : « J’écoute et j’obéis ! » prit le billet, et se hâta de se rendre auprès de sa maîtresse à qui elle le remit.

Rose-dans-le-Calice, ayant pris le billet, le porta à ses lèvres, puis à son front, le déplia et le lut. Lorsqu’elle en eut bien compris le sens, elle écrivit en dessous les vers suivants :