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dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
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courut d’abord au pigeonnier, qu’elle trouva vide de ses pigeons. Elle descendit alors dans la cour du khân et vit ses chiens encore endormis, étendus comme morts dans leurs chenils. Elle chercha les nègres et les trouva plongés dans le sommeil, ainsi que le cuisinier. Alors elle courut, à la limite de la fureur, dans la chambre de sa fille Zeinab, et la trouva endormie, toute nue, avec, au cou, un papier suspendu par un fil. Elle ouvrit le papier, et y lut les mots suivants : « C’est moi, Ali Vif-Argent du Caire, et nul autre que moi, qui suis le brave, le vaillant, le fin, l’adroit auteur de tout cela ! » À cette vue Dalila pensa : « Qui sait si ce maudit ne lui a pas brisé le cadenas ! » Et elle se pencha vivement sur sa fille qu’elle examina, et vit que son cadenas était resté intact. Cette constatation la consola un peu, et la décida à réveiller Zeinab en lui faisant respirer du contre-bang. Puis elle lui raconta tout ce qui venait de se passer, et ajouta : « Ô fille mienne, tu dois tout de même être reconnaissante à ce Vif-Argent pour n’avoir pas, quand il le pouvait si aisément, brisé ton cadenas ! Il s’est contenté, au lieu de faire saigner ton oiseau, d’enlever les pigeons du khalifat. Qu’allons-nous devenir maintenant ? » Mais bientôt elle trouva un moyen de recouvrer les pigeons, et dit à sa fille : « Attends-moi ici. Je ne vais pas longtemps m’absenter ! » Et elle sortit du khân et se dirigea vers la maison d’Ahmad-la-Teigne, et frappa à la porte.

Aussitôt Hassan-la-Peste, qui était là, s’écria : « C’est Dalila-la-Rouée ! Je la reconnais à sa manière de frapper. Va vite lui ouvrir, ya Ali ! » Et Ali,