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dalila-la-rouée… (ali vif-argent…)
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MAIS LORSQUE FUT
LA QUATRE CENT CINQUANTE-HUITIÈME NUIT

Elle dit :

… Mais ce ne fut point tout ! Il se fit apporter un mouton, l’égorgea, en recueillit le sang, en retira l’estomac, remplit de sang cet estomac, et le plaça sur son ventre, sous ses vêtements, de façon à avoir l’air d’une femme enceinte. Après quoi il égorgea deux poulets, en retira le gésier, remplit les deux gésiers de lait tiède et se les appliqua chacun sur un sein, de façon à paraître volumineux quant à ces parties-là et pareil à une femme sur le point d’accoucher. Bien plus ! pour que rien ne laissât à désirer, il s’appliqua sur le derrière plusieurs rangs de serviettes amidonnées qui, une fois sèches, lui firent une croupe montueuse et solide à la fois ! Ainsi transformé, Vif-Argent sortit dans la rue, et se dirigea lentement vers la boutique de Zoraïk, le marchand de poisson frit, alors que sur son passage les hommes s’écriaient : « Ya Allah ! quel gros derrière ! »

En route Vif-Argent, qui finit par se trouver gêné, quant à sa croupe, de par les serviettes amidonnées qui la mortifiaient, héla un ânier qui passait avec son âne, et se fit jucher sur l’âne avec mille précautions pour ne point crever la vessie remplie de sang