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les mille nuits et une nuit

Alors nous le décidâmes à se déguiser en marchand juif ; et nous convînmes ensemble de lui envoyer la mule et la besace, pour qu’il les achetât du pêcheur, dans le cas où nous péririons dans notre tentative !

« Or tu sais, ô Jouder, ce qui est arrivé ! Mes deux frères ont péri dans le lac, victimes des fils du roi Rouge ! Et moi à mon tour, lorsque tu m’eus jeté au lac, je faillis succomber dans ma lutte contre eux ; mais, grâce à une conjuration mentale, je réussis à me défaire de mes liens, à dénouer l’enchantement invincible du lac et à m’emparer des deux fils du roi Rouge, qui sont ces deux poissons couleur de corail que tu m’as vu enfermer dans les bocaux de ma besace. Or ces deux poissons enchantés, fils du roi Rouge, sont tout simplement deux éfrits puissants ; et c’est grâce à leur capture que je vais pouvoir enfin ouvrir le trésor de Schamardal.

« Seulement, pour ouvrir ce trésor, il est absolument nécessaire que tu sois toi-même présent, puisque l’horoscope tiré par Le Plus Profond Cohen prédisait que la chose ne pouvait être faite que sur ton visage !

« Veux-tu donc, ô Jouder, accepter de venir avec moi au Maghreb, dans un endroit situé non loin de Fas et de Miknas, afin de m’aider à ouvrir le trésor de Schamardal ? Et moi je te donnerai tout ce que tu demanderas ! Et tu seras pour toujours mon frère en Allah ! Et, après ce voyage, tu reviendras le cœur joyeux au milieu de ta famille ! »

Lorsque Jouder eut entendu ces paroles, il répondit : « Ô mon seigneur le pèlerin, moi j’ai à mon cou ma mère et mes frères ! Et c’est moi qui m’oc-